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Et soudain, la salle de travail aux murs aveugles et peints en noir de la faculté des sciences du sport d’Aix-Marseille Université (AMU) se transforme en Stade de France. En chaussant le masque virtuel tendu par les chercheurs de l’Institut des sciences du mouvement (ISM), équipé de capteurs aux hanches et aux pieds, vous voilà projeté sur la piste violette de l’enceinte dyonisienne, plongé dans l’ambiance de la compétition, entouré des jumeaux numériques des athlètes qualifiés.
Bruit, vitesse des coureurs qui arrivent sur vous, lumière : tout est reproduit à l’identique et donne une formidable impression de réalité. Depuis janvier 2023, cet outil inédit, mis au point par l’ISM, a été utilisé par les équipes de France de relais 4 × 100 mètres et leurs entraîneurs. Une aide technologique développée dans le cadre du programme prioritaire de recherche Revea, lancé par l’Etat pour optimiser la performance dans le sport de haut niveau grâce à la réalité virtuelle. Avec, comme objectif à court terme, la course aux médailles de Paris 2024.
Aucun athlète tricolore, chez les femmes comme chez les hommes, ne figure parmi les vingt meilleurs temps de l’année sur 100 m. Pour rivaliser avec les grandes nations du sprint, jeudi 8 août en séries et vendredi 9 pour les finales, la France sait qu’elle doit se montrer parfaite dans les trois transmissions de témoin qui ponctuent ses courses.
Et c’est dans la 3D et l’excellence scientifique nationale que la Fédération française d’athlétisme (FFA) a décidé d’aller chercher un petit plus. « Les entraîneurs avaient une demande simple : les aider à améliorer l’échange de vitesse entre deux coureurs au moment des passages de relais. Et plus spécifiquement optimiser l’instant où le receveur entre en action », résume Gilles Montagne, professeur des universités à AMU, spécialiste des neurosciences et chef du projet Revea en charge du relais.
Dans une course par équipe, cet instant de la transmission est crucial. Il doit permettre à l’athlète d’atteindre sa pleine vitesse au moment où son partenaire le rejoint. S’il démarre trop tôt, il risque de sortir des limites de la zone autorisée. Trop tard, il forcera son coéquipier à ralentir.
Dans le monde réel, les entraîneurs ont leur façon de faire : ils placent une marque sur la piste pour coordonner donneur et receveur. Quand le premier atteint ce point, le second doit démarrer. C’est cette mise en action que l’outil virtuel permet de travailler de façon autonome. Equipé d’un masque et de capteurs, l’athlète voit débouler son coéquipier et doit réagir au bon moment, déclenchant sa course sur un ou deux appuis seulement. « Tous les paramètres sont modifiables par l’entraîneur : la position de la marque, la vitesse du partenaire, celle des adversaires… », détaille Loïc Chomienne, postdoctorant à AMU qui a tenu le rôle d’interface avec le monde sportif.
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